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20 mai 2025

En mai dernier, la ville de Thessalonique a eu l’honneur d’accueillir pour la première fois la Conférence de l’ESPO, l’événement annuel organisé par l’Organisation des Ports Maritimes Européens (European Sea Ports Organisation), véritable point de référence pour le dialogue et la coopération entre les ports européens, les parties prenantes industrielles et les décideurs politiques.

Cette vingt-et-unième édition de la conférence s’est tenue au Makedonia Palace Hotel, attirant un public international composé d’experts, de dirigeants et de représentants éminents du secteur portuaire. L’ouverture de la conférence a été assurée par Ansis Zeltiņš, président de l’ESPO, qui a immédiatement souligné la portée symbolique de Thessalonique en tant que ville où « l’Orient et l’Occident se rencontrent », et dont le port constitue un nœud stratégique depuis plus de 2 300 ans. Zeltiņš a décrit le port comme un carrefour historique qui, aujourd’hui encore, représente un point de connectivité essentiel en Méditerranée, capable d’allier une tradition profondément enracinée à une vision tournée vers l’avenir. Dans son discours, il a mis en lumière l’importance cruciale des ports européens en tant qu’infrastructures essentielles pour la résilience, la sécurité, la compétitivité et la durabilité de l’Europe. Il a clairement affirmé que les ports de l’Union européenne sont, et continueront d’être, des acteurs fondamentaux dans un monde marqué par la transition énergétique, la fragmentation globale et les pressions liées à la numérisation, à la décarbonisation et à l’autonomie stratégique.

L’une des réflexions les plus percutantes d’Ansis Zeltiņš a été que les ports ne peuvent pas se contenter d’observer passivement les défis actuels, mais doivent devenir des acteurs actifs dans la construction de solutions. Tout en reconnaissant la diversité des réalités portuaires, il a réaffirmé que, collectivement, les ports constituent une infrastructure critique pour atteindre les ambitions européennes dans les domaines de la transition écologique, du numérique et de la géopolitique. C’est pourquoi la conférence a accordé une attention particulière à la nouvelle Stratégie européenne pour les ports, qui ne vise pas à imposer de nouvelles charges, mais à offrir un cadre réglementaire réaliste, flexible et orienté vers le soutien et la valorisation des spécificités de chaque port.

Le message de Zeltiņš a été clair : l’Europe doit investir dans ses ports comme jamais auparavant, car sans infrastructures portuaires modernes et résilientes, il ne sera pas possible de réaliser une véritable transition énergétique ni de développer une industrie à zéro émission. Il a également mis en garde contre une prudence excessive qui pourrait mener à l’isolement, affirmant au contraire que les ports doivent rester des portes ouvertes au commerce et à la connectivité mondiale.

La première journée de la conférence a présenté un programme dense d’interventions, avec des analyses allant de la situation macroéconomique des ports au contexte géopolitique post-2024, en passant par les perspectives énergétiques et la coopération européenne dans un monde de plus en plus instable. Parmi les intervenants de premier plan figuraient Stefanos Gkikas, Vice-ministre grec des Affaires maritimes et de la Politique insulaire, et Apostolos Tzitzikostas, Commissaire européen pour les Transports durables et le Tourisme, qui ont offert une vision institutionnelle claire du rôle stratégique des ports dans le contexte européen.

Une session particulièrement stimulante a été celle du « Port Executive Lounge », où les PDG de grands ports européens ont débattu du rôle des ports dans un contexte géopolitique tendu. Parmi les réflexions soulevées, une question centrale : les ports doivent-ils être considérés comme des « acteurs clés » ou comme des « cibles faciles » dans un monde marqué par des tensions mondiales croissantes ? La discussion a mis en lumière l’importance de garantir des conditions de concurrence équitables, avec des règles qui ne désavantagent pas les ports européens sur la scène mondiale, afin de préserver la résilience stratégique de l’ensemble du continent.

L’après-midi a été consacré à l’approfondissement de sujets tels que les réactions des propriétaires de marchandises face aux bouleversements mondiaux, les nouvelles alliances stratégiques, notamment avec l’Inde, et les stratégies à adopter pour faire face à l’évolution des flux commerciaux. Une autre session réunissant des PDG de ports a examiné comment ces derniers adaptent leurs stratégies à ces nouveaux défis, en soulignant l’importance d’une coopération renforcée et d’une vision partagée.

Pour clôturer la journée, les participants ont eu l’opportunité d’échanger dans des sessions en petits groupes, plus informelles et interactives, abordant des thèmes majeurs tels que : la planification écologique des ports, l’adoption des technologies d’alimentation électrique à quai, les limites de tolérance au tourisme de croisière, la mobilité militaire, ou encore la numérisation comme moteur de la décarbonation. Ces moments de dialogue direct ont constitué une occasion précieuse d’échange d’expériences et de création de synergies concrètes.

Le deuxième jour, qui coïncidait également avec la célébration de la Journée de l’Europe, s’est ouvert par des interventions soulignant le rôle crucial des ports dans la préparation militaire, la mobilité et la sécurité énergétique. La participation de représentants de l’OTAN et de la Commission européenne a enrichi les débats, mettant en lumière l’importance stratégique des ports, non seulement en tant qu’infrastructures économiques, mais aussi comme éléments clés pour la défense et la sécurité.

Un autre moment central a été l’approfondissement de la nécessité de disposer d’infrastructures modernes, durables et résilientes pour bâtir une Europe neutre en carbone. L’intervention de la Cour des comptes européenne, suivie d’un débat avec des experts du secteur portuaire, a permis de dresser un tableau clair des défis financiers et techniques à relever pour atteindre ces objectifs ambitieux. La conférence s’est clôturée par un dernier moment de réflexion entre les PDG des ports européens, qui ont souligné l’importance d’une stratégie commune, inclusive et tournée vers l’avenir. Le président de l’ESPO a ainsi officiellement conclu l’événement, en insistant sur la valeur de la collaboration et du dialogue continu entre tous les acteurs du secteur.

L’événement a été organisé avec le soutien essentiel du port de Thessalonique, qui a démontré sa pertinence internationale en tant que plateforme stratégique en Méditerranée et en Europe du Sud-Est, ainsi que sa capacité à promouvoir une vision intégrée et innovante du développement portuaire. Le succès de la conférence a confirmé Thessalonique non seulement comme un port au passé millénaire, mais aussi comme une plateforme dynamique et à la pointe pour relever les défis à venir.

En définitive, la conférence ESPO 2025 a constitué un moment de dialogue crucial pour définir le rôle des ports européens dans un monde complexe et en rapide évolution. Entre géopolitique, transition énergétique et innovation numérique, la conférence a lancé un message fort : les ports européens ne sont pas de simples infrastructures, mais de véritables piliers stratégiques pour la prospérité, la sécurité et la durabilité du continent.

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Giorgia Lombardo

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