Gemini: croisière a la turque


Gemini a été construit en Espagne en 1992 sous le nom de Crown Jewel, pour Crown Cruise Line, une filiale américaine du groupe suédo-finlandais EffJohn. Il a fait ses premières croisières dans les Caraïbes avant d’être envoyé dans les mers extrême-orientales en 1995. Il naviguait alors sous le nom de Superstar Gemini, pour le compte de Star Cruises. Ces croisières ont duré 14 ans, avant un transfert en tant que navire de lignes dans le sud de l’Europe à partir de 2009. Après avoir connu différents noms, le navire est rebaptisé Gemini et acquis par le danois Clipper Group. Un temps utilisé comme navire d’hébergement, il est ensuite affrété par Celestyal Cruises à partir de 2016 sous le nom de Celestyal Nefeli. Il se base alors dans la mer Égée, où il rejoint en 2018 un nouvel opérateur, Etstur.

Kai Ortel → Gemini Commentaire

Retrouvant le nom de Gemini, le navire reste dans les eaux grecques et turques pendant les mois d’été (de mai à septembre). Il effectue des itinéraires de 3 ou 4 jours, qui débutent et finissent dans le port turc égéen de Çeşme. Ses escales incluent généralement Mykonos, Santorin, Syros, Le Pirée et/ou Rhodes, selon un ordre variable. En dehors de la saison haute, le navire continue de servir comme navire d’hébergement chaque fois que l’occasion se présente.

Gemini compte 19 903 tonnes de jauge brute et huit ponts, dont le principal est le cinquième. Au-dessous et au-dessus de ce dernier se trouvent deux ponts remplis de cabines. Il y a à bord 400 cabines, réparties en onze catégories : 123 cabines intérieures, 277 cabines extérieures et 10 suites avec balcon. Toutes les cabines sont équipées d’une salle de bain, de toilettes, de la climatisation, d’un téléphone, d’un sèche-cheveux, d’un coffre-fort et d’une télévision.

Il y a deux restaurants : l’élégant Aegean Restaurant à la poupe du pont 4 et le buffet Leda Restaurant à la poupe du pont 6. Ce dernier, avec ses nappes à carreaux rouges et blanches, rappelle un peu une tente à bière bavaroise, et on y dîne en toute décontraction. Le premier n’est pas vraiment à la carte non plus, mais ses buffets offrent une plus grande variété qu’à l’étage supérieur. D’autre part, le Leda Restaurant dispose d’un pont extérieur adjacent, idéal pour petit-déjeuner ou déjeuner sous le soleil égéen. Pendant les périodes de haute fréquentation, l’Eclipse Lounge au pont 7 peut être utilisé pour servir le dîner ou organiser des réceptions privées.

L’équipage hôtelier et de restauration du Gemini est issu de Miray International, une société turque spécialisée dans la gestion de navires. Tout comme les passagers d’Etstur, la plupart des membres du personnel viennent de Turquie et parlent le turc, mais comme sur la plupart des navires de croisière internationaux, l’anglais ne leur pose pas problème. (Et dès que votre employé de cabine aura découvert que vous ne parlez pas turc, vous recevrez un programme quotidien en anglais au lieu de l’habituel programme en turc.) La plupart des officiers et personnels de pont, issus de la société américaine Cruise Management International (CMI), sont grecs ou européens de l’Est.

Avec une capacité de 960 passagers, le Gemini est un navire relativement petit. Ses installations de sport et de bien-être sont donc limitées, mais il y a tout de même une salle de sport à la proue du pont 8, juste à côté du salon de beauté, ainsi qu’un sauna et une gamme de massages. La seule piscine extérieure, qui se trouve au milieu du pont 8, n’est pas vraiment minuscule mais elle peut vite être encombrée. Deux jacuzzis y sont attachés.

La vie à bord du Gemini se concentre au pont 5, entre le Selene Bar à la poupe (un mélange étonnant de casino, bar et lounge), le magnifique et lumineux Eros Lounge au milieu, et le Muses Show Lounge à la proue. Pendant les soirées, le Muses Show Lounge et le Eros Lounge vibrent de folklore et de musique, dans un style moins oriental qu’on ne pourrait s’y attendre à bord d’un navire turc. En outre, l’Eclipse Lounge au pont 7 sert parfois de discothèque. L’ensemble du navire est décoré de motifs inspirés de l’architecture et de la mythologie grecques, car la dernière rénovation date de début 2016.

Etstur propose à chaque escale des excursions taillées pour sa clientèle turque dominante, mais la barrière de la langue peut dissuader les clients internationaux d’y participer. Cependant, les îles grecques et la région du Pirée et d’Athènes peuvent facilement être découvertes en individuel avec les transports en commun, un taxi ou une voiture de location : il n’y a pas vraiment besoin d’excursions organisées sur les itinéraires égéens du Gemini.

La grande majorité des passagers du Gemini, comme mentionné, sont turcs. Mais la société basée à Istanbul dispose néanmoins d’une hotline internationale, et il n’est donc pas impossible de réserver une croisière en tant qu’étranger. Pendant la croisière que j’ai faite, il y avait quelques Allemands à bord, et je pense avoir entendu quelques voix grecques et latines. D’ailleurs, la monnaie à bord est l’Euro : on ne peut gagner beaucoup en vendant quoi que ce soit en livres turques ces temps-ci.

La philosophie d’Etstur est celle de vacances très décontractées. Il n’y a pas de soirées de gala ou de dîner du capitaine, le code vestimentaire est donc très décontracté lui aussi. Doit-on porter le foulard ? Un hijab ? En aucune façon. Etstur se veut représentant d’une Turquie moderne et cosmopolite, et les passagères du Gemini sont nombreuses à porter des jeans déchirés, robes moulantes et autres minijupes. On a également l’impression que les passagers et l’équipage forment une grande famille, car de nombreux clients fidèles d’Etstur avaient déjà voyagé avec les prédécesseurs du Gemini : l’Aegean Queen, le Delphin et l’Aegean Paradise.

Clipper Group et Etstur ont toutes les raisons d’être fiers du Gemini, un vrai bijou. Avec seulement 163 mètres, il n’est peut-être pas très grand, mais il y a sur ses seuls ponts extérieurs plus d’espace que sur bon nombre des méga-navires de croisière d’aujourd’hui. Par exemple, les passagers peuvent profiter d’une vue magnifique depuis un pont surmontant la passerelle. Et cet endroit est loin d’être le seul sur les ponts extérieurs où l’on peut passer le temps tranquillement, sous une fraîche brise marine. À la poupe, les ponts forment un petit amphithéâtre, avec la mer comme scène. Le pont supérieur est si vaste qu’il ferait honneur à un vieux paquebot de l’Atlantique, et il est possible pour les passagers d’accéder au gaillard. On ne voit plus beaucoup de navires de la taille du Gemini, et des croisières à l’atmosphère si intime et familière ont souvent un coût bien supérieur. Pour ma part, je referais volontiers une croisière à bord de l’ancien Crown Jewel, Superstar Gemini et Celestyal Nefeli.

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Kai Ortel

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